L’égoïsme rationnel : Ayn Rand, ou le libéralisme américain

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Qui est Ayn Rand ?

Bio express : née en Russie en 1905, dans un milieu plutôt aisée, elle bénéficie d’une éducation francophone. Après l’invasion de la pharmacie familiale lors de la Révolution de 1917, elle devient farouchement anti-communiste – qu’elle étoffera ensuite de réflexions politiques et utilisera pour justifier son libéralisme. Avec des études orientées vers le cinéma, elle découvre le cinéma américain naissant.

En 1926, elle quitte l’URSS pour les États-Unis, où elle s’installe, rejoignant une partie de sa famille qui avait fui les pogroms de la Russie tsariste, se fait embaucher à Hollywood, est naturalisée et change de nom. Après divers petits emplois, elle écrit des scénarii pour le cinéma notamment pour Cecil B. DeMill, ainsi qu’un premier roman, en partie autobiographique, We the Living, mais qui sera un flop ; la société américaine n’étant pas encore anti-communiste. Bourreau de travail, accroc à la drogue, elle connaît son premier grand succès avec « La Source Vive », adapté au cinéma sous le nom « Le Rebelle ». Elle publie en 1957 « la Grève », histoire de riches ou de créateurs qui décident de faire sécession vis-à-vis du reste de la population et d’un État qui édicte toujours plus de normes contraignantes.

Ses idées et son libéralisme

Antiraciste, anti-communiste, athéiste revendiquée, anti-interventionniste (opposée à la guerre du Vietnam), favorable à l’avortement (même si il est difficile de faire d’Ayn Rand une féministe), elle est profondément individualiste : il faut que les individus apprennent à se « passer de l’aide » des autres, que les individus vivent pour eux-mêmes et par eux-mêmes. Seul le capitalisme du laissez-faire permet de produire les meilleurs résultats. Mais pour elle, il manquait d’un argument presque philosophique, pour justifier son propos. En effet, le seul plan économique ne suffit pas à dénoncer ce qu’elle combat : le collectivisme n’est pas seulement une collectivisation des biens, mais également une négation de l’individu, on passe du « je » au « nous ».

Pour Ayn Rand, la raison doit permettre à chacun de comprendre où est son propre intérêt, de refuser de le sacrifier aux noms de conceptions altérées par les passions, mais aussi de responsabiliser l’individu. Chacun doit travailler à son propre bonheur. En fin de compte, l’égoïsme d’Ayn Rand est un altruisme dans le sens où il s’interdit d’utiliser les autres comme un moyen au service de nos fins, et de les respecter en ne vivant pas à leurs dépens. De la même manière, je ne dois pas me sentir coupable de situations dans lesquelles je n’ai pas de responsabilité ; je n’ai pas participé à la guerre, la misère, la pauvreté dans le monde. Et ce, à rebours de religions ou d’idéologies diverses. Ceux qui sont exploités sont les victimes consentantes de leur propre exploitation.

« La Grève » connaît un certain succès et est, encore aujourd’hui, l’un des livres qui influencent le plus la vie américaine. Donald Trump, Hillary Clinton, Steve Jobs, Elon Musk les parlementaires américains, les patrons de la Silicon Valley,… ont tous lu Ayn Rand et influencé par elle.

Elle est une figure majeure du courant libertarien au sens américain, c’est-à-dire lecteur de Locke ou de Bastiat, restant fidèle à l’esprit des pères fondateurs américains, notamment Jefferson et le Limited Governement.

Pour aller plus loin :


Clément Delaunay