Quelles améliorations les acteurs publics doivent-ils mettre en œuvre pour aider les PME françaises à exporter ?

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Depuis quelques années, les opérateurs publics tentent de rétablir la balance commerciale française. Il est vrai que les PME françaises exportent peu ; cependant, le taux de transformation (on se lance à l’export, et on réussit à vendre durablement) est plus important en France que dans d’autres pays. En d’autres termes, on exporte moins mais on exporte mieux.

Une sélection est ainsi opérée au départ, notamment par le fait que les prestations françaises de Business France sont payantes, alors qu’elles ne le sont pas en Grande-Bretagne ou en Belgique par exemple : le budget de Business France est assuré pour moitié par les prestations vendues aux PME. Par comparaison, UKTI (l’équivalent britannique) a un budget de 473 millions d’euros de budget assuré à 96% par l’Etat. En Italie, le budget est assuré à 89% par l’Etat…

Mais outre ces questions de financement, l’accompagnement export des entreprises par les opérateurs publics connaît des difficultés. Différents acteurs interviennent dans le processus : le gouvernement et les différents ministères concernés (Economie et Affaires Étrangères notamment) ; les différentes Régions françaises ; des organismes comme Business France, la Banque Publique d’Investissement (pour les organes publics notamment), la Coface et les Chambres de Commerce et d’industrie (pour les organes privés).

Si les gouvernements successifs ont fait preuve d’engagement en faveur de l’export ces dernières années, les relations sont parfois compliquées entre les différents ministères. En 2008, à quelques mois d’intervalles, le ministère de l’agriculture et le ministère de l’économie (secrétariat au commerce extérieur) ont lancé, chacun de leur côté, un logo et une campagne destinés à promouvoir l’image de l’agroalimentaire français – le tout, sans concertation l’un avec l’autre. La rivalité entre Bercy et le Quai d’Orsay est également loin d’être anecdotique.

Si l’on élargit le spectre des campagnes lancées pour aider les PME françaises à exporter, on obtient une longue liste composée de labels différents, des portails lancés par différents acteurs, des chartes diverses,…

De la même manière, si la France est présente dans de nombreux pays, elle l’est de manière inégale et déséquilibrée en termes de personnels (diplomatiques ou dédiés au commerce) ; on compte davantage de personnels au Maroc qu’en Chine, davantage au Sénégal qu’en Russie, … Certes, cela s’explique par des raisons historiques mais les défis à venir et l’émergence de nouveaux acteurs économiques doivent également être pris en compte.

Les relations entre les acteurs privés et publics sont complexes ; même s’il est vrai que les différents pactes de coopération signés ces dernières années tendent à laisser penser que l’entente règne entre eux,  il ne faut pas oublier que les deux organismes (CCI et Business France) proposent des services parfois concurrents. D’une part, les opérateurs privés que sont les chambres de commerce sont assez réticents à partager les informations qu’ils possèdent en dehors de leur réseau d’entreprises, pour la simple raison que l’obtention de ces informations a un coût et que ces informations sont des produits que les CCI vendent. D’autre part, la création du label commun « CCI International » entre les CCI et les CCIFE illustre la volonté des CCI de maîtriser d’un bout à l’autre le processus d’exportation.

La Cour des Comptes tend à privilégier l’efficacité comme critère différenciant, et à ne pas maintenir coûte que coûte la présence de l’acteur public à l’étranger : « [l’Etat] pourrait à l’avenir gagner à laisser agir les CCIFE chaque fois que Business France ne serait pas en capacité de démontrer sa capacité à intervenir avec un résultat supérieur pour les entreprises […] L’ambassadeur […] pourrait proposer, dans chaque pays, l’organisation la plus adaptée à la configuration nationale ».

Les régions sont des acteurs incontournables de l’export. Cependant, leur autonomie relative et/ou progressive engendre deux problèmes. D’une part, les régions se font concurrences entre elles et n’apportent pas aux entreprises les mêmes aides (information, subventions…), ce qui tend à brouiller le message au niveau national. D’autre part, et c’est un peu gênant, des régions comme la Bretagne ont mis en place leur propre service d’aide à l’export avec leurs propres conseillers … ces services font concurrence à Business France et entraînent des doublons.

Si les critiques que je porte ici peuvent brosser un tableau peu encourageant, il n’en est rien et il faut reconnaître le rôle essentiel de Business France.


Clément Delaunay